vendredi 7 mars 2008

Trouble de personnalité... Borderline

C’est une Isabelle Blais aux multiples visages que nous propose le film Borderline. Le scénario est tiré de 2 livres de Marie-Sisi Labrèche : Borderline et La Brèche.
On nous fait découvrir l’univers de Kiki Labrèche(Isabelle Blais), une écrivaine en devenir qui a de la difficulté à écrire son livre.
On comprend son univers instable par les entre coupures de son passé. Le film se joue sur 3 tableaux. On voie Kiki à 10ans, une jeune fille qui est élevée par sa grand-mère (Angèle Coutu) alors que sa mère (Sylvie Drapeau) se fait interner. La Kiki de 20 ans, qui abuse de son entrée dans le monde adulte avec des excès d’alcool et de sexe. La Kiki de 30 ans qui tente de trouver un sens à sa vie, en écrivant un roman.
Elle ira chercher chez Chiki (Jean-Hugues Anglade), son professeur de littérature, son complexe d’oedipe; l’amour paternel qu’elle n’aura jamais connu. En cheminant dans l’écriture de son roman, elle cheminera aussi sur sa vie personnelle. Elle prend conscience qu’elle est dépendante affective et qu’elle a peur des relations amoureuses stables.
Le passage à l’âge de 30 ans la fera évoluer et elle découvrira que sa vie ne peut plus rester au beau fixe. Est-ce qu’un amour sain la fera grandir et l’aidera à se sentir mieux dans sa peau? En apprenant à s’aimer elle-même, Kiki apprendra à s’ouvrir aux autres et à se laisser aimer.

Un très bon film, lourd psychologiquement puisqu’on nous met face à face avec un trouble de personnalité et à une enfance au goût amer, mais le scénario prend tout son sens à la fin. Le titre n’aurait pas pu être plus représentatif. Puisqu’en fait borderline est un trouble de la personnalité limite qui est caractérisé par une instabilité dans les relations interpersonnelles, par des humeurs changeantes et par un manque de confiance en soi.

À première vue, le film est composé de beaucoup de scène d’érotisme, mais ça nous permet de comprendre le mal de vivre du personnage principal. Par ces scènes de baise on peut identifier facilement son manque d’affection et sa difficulté à s’engager dans une vraie relation amoureuse. Le long métrage nous fait passer par différentes émotions tout en nous faisant apprivoiser les personnages. On nous met face à un mal de vivre qui est réel mais qu’on ne connaît pas profondément. Bref, c’est un film touchant qui ne laisse pas indifférent. Borderline est un film où s’entremêle le désespoir, la haine, la peur, l’espoir, la quête de soi-même et une lueur d’amour.


*** pour la bande annonce du film c'est par ici

dimanche 2 mars 2008

l'ère de l'intégration?

Il y a de cela 1 mois, une comission scolaire de Toronto annonçait la mise sur pied en 2009 d'une école pour les élèves Noirs. La question a soulevé beaucoup de controverses...
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Au début des années 60, aux États-Unis, Martin Luther King s’est battu afin de faire valoir les droits des Noirs à l’équité. Près de 50 ans plus tard, au Canada, on veut revenir à la ségrégation en offrant une éducation exclusivement pour les noirs. C’est ce qu’a annoncé la commission scolaire de Toronto le 30 janvier dernier. Est-ce que l’ouverture de cette école va permettre aux jeunes d’améliorer leur taux de réussite? Personnellement, je suis contre cette initiative. Ce projet ne fait qu’augmenter un sentiment de différence envers la population afro-canadienne et ne favorise pas son épanouissement dans la culture canadienne.

Cette idée de permettre aux élèves noirs d’avoir accès à une tout autre éducation ne fait qu’augmenter un sentiment de « différence » entre eux et le reste de la population canadienne. En 2005, beaucoup de citoyens se sont indignés face aux déclarations du Dr Mailloux qui disait que: « les Noirs avaient un quotient intellectuel plus faible que la moyenne » à l’émission Tout le monde en parle. Même si nous crions au racisme lorsque quelqu’un critique ou désigne les Noirs comme une entité inférieure, nous propageons le même genre de préjugés en disant qu’ils sont moins intelligents, qu’ils ont de la difficulté à apprendre. La commission scolaire de Toronto a affirmé que l’école ne serait pas réservée exclusivement aux élèves Noirs. Mais, si une école offre un enseignement spécialisé sur l’histoire des Noirs et qu’elle vise à contrer le décrochage scolaire chez les Noirs, le reste de la population n’est pas concernée et l’école sera spécialisé uniquement pour cette partie de la population. Comme le déclare Me Betty, qui est membre d’une coalition de leaders de la communauté noire opposés au projet :

« l’école s’adressera à tous les élèves alors qu’elle est proposée et conçue pour répondre à un problème particulier, celui des jeunes de la communauté noire qui ne réussissent pas dans le système régulier. »

Ce n’est pas tout, vous avez probablement déjà entendu parler de l’époque où les Noirs devaient s’asseoir à l’arrière dans l’autobus et à l’église puisque les sièges à l’avant étaient réservés aux Blancs. En permettant l’ouverture d’une école exclusivement pour les Noirs, c’est une forme de régression. C’est un retour à la ségrégation, à l’isolement. Selon Me Betty :

« cela ne rendra pas service à notre communauté. Toronto, une des villes les plus multiculturelles au monde, s’est bâtie sur la compréhension de la culture des uns et des autres, ce qui se fait en travaillant et en socialisant ensemble. »

Je suis persuadée qu’il ne faut pas isoler les Noirs si on veut les aider à s’épanouir dans un pays aussi multiculturel que le Canada. Il faudrait plutôt intégrer leur culture à celle des autres en même temps qu’on les intègre à notre culture.

Il est important de rappeler que selon la commission scolaire de Toronto, l’un des objectifs de la mise sur pied de cette école est de tenter de diminuer le taux de décrochage. Il est important de miser sur la réussite des élèves, mais il serait mieux de donner des ressources aux enseignants. Les faits sont là, « Selon une étude datant de 2006, 40% des jeunes Noirs de Toronto n'achèvent pas leur scolarité secondaire» mais le décrochage est aussi une réalité pour le reste de la population canadienne. Les établissements scolaires mettent sur pied des programmes pour réussir à radier cette tendance. Je pense fortement qu’il faut appliquer ces programmes aux groupes afro-canadiens afin de les aider ; c’est d’un soutien dont ils ont besoin et non d’une éducation sur la culture afrocentrique. Les ressources qui sont disponibles ont démontré leur efficacité ; comme le programme Passeport pour ma réussite de Regent Park :

« Qui a réduit le taux de décrochage de 56 % à 10 %, prend maintenant de l'expansion à Toronto et à l'échelle nationale. »

Les statistiques démontrent que le taux de décrochage va en diminuant depuis quelques années au Canada. En ce qui concerne la province de l’Ontario :

« Le taux de décrochage se situait en moyenne à 13,5 % pendant la période 1990-1991 à 1992-1993, mais il a reculé à 7,9 % pendant la période 2002-2003 à 2004-2005 »

Malgré que les commissions scolaires connaissent ces faits, je suis outrée d’apprendre qu’une école spécialement pour les Noirs sera ouverte en 2009. C’est une forme de discrimination. Si les écoles sont en mesure de diminuer le taux de décrochage scolaire pour la majorité de la population étudiante et qu’elles sont capables d’encadrer les élèves en difficulté, je suis persuadé que ces écoles sont aptes à aider les jeunes Noirs. Puisqu’à la base, le problème reste le même malgré l’origine ethnique. C’est pourquoi il est primordial de ne pas séparer les élèves noirs des autres. Les étudiants noirs se verront eux aussi comme une classe à part et ne seront pas plus motivés. Créer une sorte de ghetto ne sert qu’à les discriminer et non à les aider.
Dans l’ensemble, en favorisant l’intégration de toutes les cultures, on permet à l’identité canadienne d’évoluer et aux différentes origines ethniques de retrouver un peu de leur propre culture dans la culture canadienne. Ceci permet une meilleure intégration. Il faut bannir l’isolement de certains groupes et viser plutôt à les encadrer et les supporter. C’est pour cela qu’il faut s’opposer à l’initiative de la commission scolaire de Toronto ; puisque, comme le montre les statistiques, il est possible de diminuer le taux de décrochage scolaire malgré l’environnement d’étude. Il faut simplement adapter les ressources disponibles à la clientèle visée. Espérons que la population ne visera pas un retour vers la ségrégation mais qu’elle considérera plutôt l’ère de l’intégration.